Il s’agit du président en exercice, Ahmad, sanctionné par la FIFA de cinq ans de suspension de toutes activités dans le domaine du football. Ainsi, à 8 jours de l’élection, le poste devra être disputé, en principe, par le Sud-africain Patrice Motsepe, le Sénégalais Augustin Senghor, le Mauritanien Ahmed Yahya et l’Ivoirien Jacques Anouma.
Une vraie élection aura-t-elle lieu ou elle se résumera à une mascarade avec un président connu à l’avance suite à un arrangement. En effet, les informations circulant ces derniers jours annoncent une négociation sous l’égide de la FIFA et à officialiser bientôt sur le désistement des autres candidats au profit de Motsepe, considéré comme l’enfant chéri d’Infantino, président de l’instance mondiale du ballon rond. Les autres candidats se verraient, d’après cet arrangement, octroyer le poste de 1er vice-président (Augustin Senghor), 2ème vice-président (Ahmed Yahya) et conseiller spécial du président (Jacques Anouma).
Une répartition bien avant l’heure qui soulève l’indignation des observateurs qui fustigent l’ingérence flagrante de la FIFA dans une élection continentale. « Certains dirigeants de la FIFA s’estiment encore dans la période coloniale pour dicter ainsi la marche à suivre d’une confédération composée de 54 membres », avance un éminent membre d’une fédération africaine. Une autre voix rejette de son côté la faute aux Africains qui n’osent pas dire non à cette dictature de la FIFA. « Avec cette imposition déguisée d’Infantino et consorts, l’Afrique sera privée de débat d’idées, de confrontation des programmes et tout dernièrement de désigner le candidat de son choix. Et en acceptant ce deal malsain, les candidats font la honte de l’Afrique. Ils mettent en exergue leurs ambitions personnelles au lieu et à la place de la souveraineté de la confédération, leur confédération », tonne un internaute. On s’interroge ainsi sur la capacité du candidat élu, ou plutôt désigné, de défendre l’indépendance du continent africain et de son intérêt. « Inéluctablement, il ne sera que la marionnette de la FIFA », conclut le patron d’un hebdomadaire sportif africain.
C’est cette quête de l’indépendance de la CAF qui a causé la rupture de l’amitié entre Ahmad et Infantino. Celui-ci impose par exemple une phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) tous les quatre ans contre deux actuellement, alors que Ahmad veut maintenir le calendrier en vigueur. Moins attractif certes sur le plan commercial, mais la tenue de cette épreuve tous les deux ans oblige d’une manière indirecte l’Etat organisateur à construire des infrastructures qui font cruellement défaut en Afrique. Une parmi les divergences de vue entre Ahmad et Infantino qui a emmené ce dernier à écarter d’une manière douteuse le premier de la course à la présidence. « Ahmad a chuté quand il a essayé de s’émanciper de la FIFA et de sa secrétaire générale, Fatma Samoura, dont la mission de six mois au sein de la CAF n’a pas été renouvelé par le comité exécutif », affirme un journaliste africain de renom. Et là, l’inertie des présidents de fédération, du moins officiellement, fait également honte à l’Afrique.
La dictature de la FIFA se manifeste également à travers une menace sous le sceau d’une demande d’explication à quelques jours de l’élection. Le candidat ivoirien Jacques Anouma est la dernière victime en date. Ce past-président de la Fédération ivoirienne de football n’est pas tellement chaud de ce compromis « imposé » par la FIFA et l’a fait savoir dans ses déclarations de ces derniers jours. Un « écart » qui ne plait pas du tout aux gens de la FIFA qui, munis de leur gourdin, auraient sommé le candidat ivoirien d’expliquer la provenance de son fonds de propagande. Une manière pour la FIFA de remettre dans le rang ce candidat qui, lui aussi, semble rouler pour l’indépendance de la CAF vis-à-vis de l’instance internationale. Reste à savoir si l’Ivoirien va jusqu’au bout de son « indépendantisme » ou se contentera, par dépit, de ce strapontin offert par la FIFA qui, curieusement, ne s’immisce pas dans les élections des autres confédérations, à l’instar de l’UEFA…
Les regards se tournent maintenant vers les quatre candidats en lice et les électeurs, à savoir les 54 présidents d’association nationale en Afrique. Vont-ils boire jusqu’à lie le calice de la honte ou parviendront-ils à ouvrir leurs yeux et se rendre finalement compte que la période coloniale est bel et bien révolue ?
La Rédaction